Paludisme : l'argent manque, pas les idées
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L'invention d'un savon contre la malaria et la production à grande échelle d'un médicament efficace suscitent de grands espoirs.
L'information est tombée juste avant la Journée mondiale contre le paludisme, jeudi 25 avril : deux étudiants de l'Institut international d'ingénierie de l'eau et l'environnement de Ouagadougou, au Burkina Faso, ont mis au point un savon contre cette maladie. Fabriqué avec des produits locaux - de la citronnelle, du karité, des herbes et d'autres ingrédients gardés secrets -, ce produit, qui peut être utilisé pour se laver ou pour faire la lessive, repousserait les moustiques et tuerait les larves dans les eaux stagnantes.
Il a déjà été testé avec succès sur un échantillon de la population à Ouagadougou et ne coûterait pas plus cher que les autres savons (environ 46 centimes d'euro pièce). Les deux hommes sont, pour cela, les premiers non-Américains à recevoir un prix dans le cadre du concours Global Social Venture Competition.
De leur côté, le laboratoire pharmaceutique Sanofi et le programme de développement de médicaments de l'ONG Path ont annoncé il y a une quinzaine de jours le lancement de la production à grande échelle d'artémisinine semi-synthétique à Garessio, en Italie. À l'origine, cette substance est dérivée d'une plante, l'armoise. Mais la demande mondiale d'artémisinine est bien supérieure depuis que l'Organisation mondiale de la santé a estimé que, utilisée en association avec d'autres produits, elle était le traitement antipaludéen le plus efficace disponible à l'heure actuelle. Le développement d'un nouveau procédé de fabrication industrielle pour produire une source complémentaire d'artémisinine a débuté il y a neuf ans, piloté par l'ONG OneWorld Health et financé par la Fondation Bill et Melinda Gates. Désormais, des milliers de personnes vont pouvoir recevoir ce nouveau traitement, que Sanofi s'est engagé à produire à prix coûtant afin que les pays en développement puissent en bénéficier.
Menaces
Il faut dire que les besoins sont énormes : la maladie touche environ 300 millions de personnes et elle a entraîné plus de 650 000 décès en 2010 (dont 90 % en Afrique). Et la Journée mondiale contre le paludisme est l'occasion de rappeler qu'il manque encore des milliards de dollars pour faire reculer ce fléau. Le docteur Fatoumata Nafo-Traoré, qui s'exprime au nom de centaines d'organisations au sein du partenariat mondial luttant contre le paludisme, admet que d'énormes progrès ont été réalisés au cours de la dernière décennie. Les décès dus au paludisme auraient notamment reculé de 25 à 33 % en Afrique. "Mais la récente crise économique mondiale a laissé des lacunes de financement qui menacent d'inverser ces résultats, ce qui pourrait signifier la résurgence du paludisme et d'indicibles souffrances pour des millions de personnes", prévient-il.
Et pourtant, les interventions de lutte antipaludique sont considérées parmi les plus rentables. Elles permettent non seulement de sauver des vies, mais aussi d'accélérer les progrès pour d'autres objectifs de santé et de développement, notamment la réduction de l'absentéisme scolaire, la lutte contre la pauvreté et l'amélioration de la santé maternelle et infantile. Chaque dollar américain investi contre le paludisme en Afrique générerait ainsi en retour 46 dollars américains de PIB.
Le Point.fr
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