C’est possible, à condition d’appliquer des mesures concrètes et multi-sectorielles et d’allouer des ressources suffisantes à l’élimination de la maladie
« En finir pour de bon avec le paludisme » est le thème de la 9è édition de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme et le résultat pour lequel le gouvernement s’est engagé à l’horizon 2030. La journée a été célébrée, hier, au Centre international de conférences de Bamako (CICB) sous la présidence du ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Mme Togo Marie Madeleine Togo. Elle avait à ses côtés l’ambassadeur des États-Unis au Mali, Paul A. Folmsbee, le représentant de l’OMS, Lucien Manga, et de nombreux invités.
Cette journée offre l’opportunité de renforcer le plaidoyer et la mobilisation sociale sur les stratégies de lutte contre le paludisme. Elle vise aussi à renforcer la sensibilisation des ménages et des communautés du pays sur l’importance de la prise en charge correcte du paludisme et à intensifier la communication sur la maladie avec l’implication de tous les intervenants de la lutte contre le paludisme pour réduire la mortalité néonatale et infantile et son impact au sein de la communauté.
Pour le ministre de la Santé, c’est un nouvel espoir qui est né pour la population malienne d’aller à l’élimination du paludisme dans le cadre des objectifs pour le développement durable. Pour cela, dit-elle, nous devons engager des stratégies innovantes basées sur le développement de la recherche pour une couverture universelle des populations par des services intégrés de lutte contre le paludisme.
Le rapport de 2015 de l’OMS souligne que le paludisme constitue aujourd’hui un réel problème de santé publique dans plus de 90 pays représentant environ 3,2 milliards de personnes, soit environ 40% de la population mondiale, a indiqué Mme Togo Marie Madeleine Togo. « L’Afrique reste toujours le continent le plus touché par le paludisme, car 80% des décès dus au paludisme surviennent dans 15 pays localisés en Afrique subsaharienne », a-t-elle noté. « Au Mali, les statistiques sanitaires de 2015 font état de 2 369 245 cas de paludisme dont 686 017 graves et 1978 décès, soit un taux de létalité de 8,9% », a-t-elle précisé. Au plan économique, a chiffré le ministre Togo, le paludisme affecte la croissance économique annuelle de notre pays de 1,3% du fait de l’absentéisme au travail ou à l’école. Selon une étude menée par l’Institut national de recherche en santé publique (INRSP), les pertes économiques dues au paludisme s’élèvent à 72 milliards Fcfa.
Face à cette problématique très préoccupante, notre pays, avec l’appui des partenaires techniques et financiers, a noué des synergies pour lutter contre la maladie. « Cet important engagement financier a permis de faire d’importantes réalisations et d’obtenir des résultats forts appréciables », a confirmé Mme Togo Marie Madeleine Togo.
ENVIRON 15 MILLIARDS FCFA. En livrant le message de la directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, Lucien Manga a noté que le thème de cette année souligne la nécessité d’accélérer et de maintenir les efforts visant à vaincre ce fléau. Au cours de la décennie écoulée, a-t-il expliqué, la solidarité mondiale et les mesures concrètes prises pour éliminer le paludisme ont permis d’en réduire l’incidence. Entre 2000 et 2015, la morbidité et la mortalité liées au paludisme ont ainsi reculé, respectivement, dans notre région de 42% et 66%. Ce succès est imputable à l’engagement exceptionnel des individus et des ménages, des familles et des collectivités, des personnes soignants, des autorités nationales et des partenaires. « Malgré les progrès remarquables accomplis, le paludisme reste un problème majeur de santé publique et de développement en Afrique, un continent qui enregistre 80% de la morbidité et 90% de la mortalité mondiale liées au paludisme en 2015. De plus, l’Afrique abrite 13 des 15 pays qui supportaient environ 80% de la charge de morbidité mondiale due au paludisme », a averti Lucien Manga.
Beaucoup reste donc à faire pour concrétiser notre vision d’une région exempte de paludisme, a-t-il souligné. Mais la solidarité mondiale agissante qui œuvre pour un monde sans paludisme a été confirmée dans les objectifs de développement durable, l’ambition étant d’éliminer le paludisme à l’horizon 2030. Le représentant de l’OMS a assuré qu’une Afrique exempte de paludisme était possible, à condition d’assurer une coordination solide et la mise en œuvre de stratégies et d’initiatives appropriées, tout comme l’application de dispositifs de financement efficaces, ainsi que l’élaboration de processus garantissant le suivi des progrès réalisés. Cela permettra de renforcer et d’exploiter la solidarité mondiale et régionale existante et de transformer l’élimination du paludisme en un mouvement social continental. Le représentant de l’OMS a, dans ce sens, lancé un appel aux pays pour qu’ils appliquent des mesures concrètes et multisectorielles et qu’ils allouent des ressources suffisantes à l’élimination du paludisme. « Nous devons nous appuyer sur les succès du passé et redoubler d’efforts dans la lutte contre cette maladie », a-t-il préconisé.
L’ambassadeur des États-Unis juge, pour sa part, qu’il reste beaucoup à faire pour bouter le paludisme hors de nos foyers. Cependant, dit-il, nous devons faire plus pour mieux protéger les femmes enceintes et les nouveaux nés du paludisme. Pour lui, accroitre l’accès aux services de santé pour les couches défavorisées est un investissement sûr et durable. Paul A. Folmsbee a rappelé que son pays, à travers l’Initiative présidentielle contre le paludisme (PMI), investit environ 15 milliards Fcfa dans la lutte contre le paludisme au Mali.
F. NAPHO (L'Essor)