2 mai 2024
Professeur Dapa DIALLO, Directeur général du CRLD : notre système révolutionnaire de prise en charge des malades PDF Imprimer Envoyer
Écrit par Administrator   
Lundi, 25 Août 2014 13:08

Le CRLD est le centre de recherche et de lutte contre la drépanocytose. Situé sur la colline du Point G à Bamako au Mali, c’est un établissement public à caractère scientifique et technologique. Il est le premier centre de référence créé selon les recommandations des instances internationales qui préconisent la création de  centres de référence pour la prise en charge de la drépanocytose, priorité de santé publique en Afrique subsaharienne.

Profitant de la visite de la Première Dame du Congo, Son Excellence Madame Antoinette Sassou N'GUESSO au sein de cet établissement, nous avons rencontré celui qui a porté à bout de bras, ce projet. Interview.

Professeur Dapa DIALLO, vous êtes le Directeur général du CRLD et principal initiateur de ce centre de prise en charge de la drépanocytose. Pourquoi un tel centre ? Pouvez-vous nous le présenter?
Le Mali enregistre entre 5 000 et 6 000 naissances drépanocytaires par an. En tant qu'hématologiste, j'ai eu à vivre au quotidien la souffrance des malades et aussi de parents confrontés à des dilemmes insurmontables et même parfois à des situations intolérables de décès précoces évitables.

Il y avait donc lieu d’apporter une réponse appropriée à un drame vécu au quotidien par les familles drépanocytaires au Mali. Notre réponse a été la création d’une structure capable d’assurer la prise en charge la plus globale que possible du malade drépanocytaire.
Le CRLD a pour vocation l’appui pour l’accès à des soins spécifiques. Il intervient également pour le développement de programmes de  recherche, de formation, d’Information et d’Education pour un changement de comportements.

Il est structuré autour de plusieurs espaces : administratif, consultations et médecine préventive, un hôpital de jour composé de 8 box pédiatriques et de 7 box adultes, une pharmacie. Un espace famille est dédié à des échanges entre parents des malades, et également entre ces derniers et le personnel médical, ainsi qu’à l’hébergement dans des cases.

Le centre dispose d’un laboratoire consacré aux bilans de dépistage et de suivi des malades ainsi qu’aux programmes de recherches initiées par le centre. 
Le CRLD dispose également d’une salle d’échographie où se déroulent de façon régulière les examens de Doppler transcrânien.

Concernant la souffrance drépanocytaire, pouvez-vous nous dire, Professeur, ce qui déclenche ces crises douloureuses aiguës à répétition ?


Les crises douloureuses et les complications sont favorisées par la baisse de l’oxygène dans le sang, la déshydratation, l’acidose (augmentation de l’acidité dans le sang), la vasoconstriction (diminution du calibre des vaisseaux sanguins) et la fièvre.
Il faudra par conséquent, éviter l’exposition au froid humide ou à la chaleur, la perte massive d’eau par diarrhée, vomissement ou transpiration, la restriction hydrique (ex: le jeûne), les efforts physiques intenses, la consommation de cigarettes, d’alcool ou de drogue, l’immobilisation trop prolongée, le séjour en très haute altitude et le stress.


Enfin, Professeur, avez-vous un souhait à formuler pour conclure ?


Tout en vous remerciant pour l’intérêt que vous offrez à la lutte contre la drépanocytose - en me permettant de lever un coin de voile sur cette maladie -, je voudrais lancer un appel, pour plus de synergie d'efforts, dans la lutte contre cette maladie.

Le grand défi de la lutte contre la drépanocytose est d’assurer l'équité dans l’accès à des soins de qualité, dans un contexte de pauvreté extrême. Pour relever ce défi, nous avons mis en place un système de forfait, payable après les soins avec possibilité d’étalement sur l’année. Ce forfait représente 40% du coût total.

Ceci implique pour le centre, une prise en charge de 60% du coût annuel des prestations rendues. Les patients drépanocytaires les plus économiquement vulnérables bénéficient des mêmes soins, pris en charge à 100% par le centre.
C'est pourquoi nous travaillons sur un programme de parrainage d'enfants drépanocytaires au Mali. L'appui de toutes les bonnes volontés est vivement souhaité. Le suivi  médical annuel d'un enfant drépanocytaire en dehors des complications, est de 180 euros en moyenne. Je vous remercie.

Mise à jour le Lundi, 25 Août 2014 13:11